Poncer


Ils ont taillé vacarmes,


ils ont taillé matières, 



Ils ont tremblé devant

tant de résistance.



Ils ont taillé souffrances.

Et se sont perdus dans leur ignorance.
 

Puis, 

ils se sont inclinés.



Pour tenter,

d’apprivoiser; 

la lumière du silence;

un reflet, de l’ange qui passe.



Ils se sont inclinés,



Pour caresser l’onde de l’instant,

Et sonder le moment de l’émerveillement d’un monde,

dans le regard de l’enfant.



Ils ont taillé et mené grandes batailles.



Maintenant,

ils poncent.




Ils poncent. 



Ils poncent en quête d’un reflet idéal,
 celui de leur existence;



ils poncent.



Leurs souffrances noyées dans la transe;


 ils poncent.



Belles caresses abrasives,



Ils poncent sur leur vanité.


Ils poncent.

De douces lignes de vie tant espérées.
 

ils poncent,

ils poncent;



Ils poncent la misère de tout leur être; 

à s’en user 
les doigts.


Ils poncent.



Et s’écharnent à faire battre le coeur

millénaire 

de la matière,



Et s’acharnent sur leur ego de pierre;
 

creux, bosses, pleins, vides,

ils poncent.


Ils poncent des larmes, poudres de pierres,
 


Et sont tels des sabliers à la gorge irritée, 

qui dégueulent à leurs pieds

la poussière chagrinée.



Elle glisse, dans le ronronnement de leurs mouvements,
 elle glisse de la forme convoitée,



pour combler l’abysse, inévitable,

de leur devenir.





Bus, 


Fontenay-Lès-Briis- 2018